Le fusil brisé 98
Les soulèvements populaires non armés dans le monde arabe au début 2011, ont surpris l’opinion mondiale, à la fois parce que la plupart des observateurs ne s’attendaient pas à ce que des demandes pour les droits humains et des choix démocratiques deviennent centraux dans les États arabes, et qu’ils ne prévoyaient pas de manifestations de masse à prédominance non armées. Cependant et rétrospectivement, il y a plusieurs raisons pour que le « printemps arabe » pris la forme qui fut la sienne au départ en Tunisie, en Égypte, à Bahreïn, en Syrie, en Libye et en d’autres pays. D’ailleurs, comme émergeait la résistance nonviolente des scolaires, dans les premiers mois les mouvements les plus significatifs montraient certaines des caractéristiques de ces techniques d’actions. Dans le long terme, néanmoins, plusieurs des mouvements ont échoué à tenir leurs promesses initiales, dépassés par la guerre civile armée (comme cela arriva vite en Libye, et plus graduellement en Syrie), ou ne parvenant pas à mener leur but démocratique d’origine – notamment en Égypte. Les impressionnantes manifestations au « rond point des Perles » de Bahreïn ont été rapidement écrasées, et les ouvertures préventives des gouvernants du Maroc et de Jordanie pour des réformes et des rencontres avec les demandes publiques n’ont, pour l’instant, que dilué le pouvoir royal. Cet article pointe brièvement les aspects ci-dessus et aborde ensuite quelques questions pour l’avenir.