Allemagne

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Arms company Heckler & Koch have been found guilty in a German court of illegally supplying arms to Mexico.

Les militants d'Allemagne et du Royaume-Uni ont organisé des actions pendant les journées publiques des militaires dans leurs pays. Dans beaucoup de pays occidentaux , les militaires recrutent en se basant sur le volontariat. Cela demande que ces militaires accordent plus d’importance que jamais à leurs’ relations publiques ‘ (PR), afin d’atteindre autant de jeunes gens que possible et de les persuader de rejoindre leurs rangs. Les ‘ journées nationales’ ou des journées publiques semblables ayant un lien avec les militaires, ont été un composant essentiel de cette stratégie. Le mois dernier, deux exemples de ceci ont eu lieu dans deux pays européens, l'Allemagne et le Royaume-Uni.

David Scheuing

Londres. Tous les jours, en rentrant chez moi, je passe devant des policiers lourdement armés qui
« protègent » les citoyens, les infrastructures, la vie et l’économie : dans le métro, à la gare, ils sont toujours aux aguets. Toutefois, cette vigilance n’est ni inoffensive, ni innocente. Elle tue. Cette année, juillet marquait le dixième anniversaire du meurtre de Jean Charles de Menezes dans une rame de métro bondée à la station Stockwell de Londres.1

En septembre 2012, une semaine d’action antimilitariste a eu lieu en Allemagne: évaluation.

L’idée d’une semaine d’action est née en mars 2012 à Mannheim au sein d’un petit groupe lors de la «conférence d’action de PAXX», une rencontre ouverte qui réunit des antimilitaristes, et se cantonnait à l’origine au thème «La Bundeswehr (ndt: l’armée allemande) dans les écoles». Cependant, en raison d’un intérêt prononcé, celui-ci a été rapidement complété, sur demande de comités du mouvement pour la clause civile, par le thème «l’armée et la recherche sur l’armement dans les établissements d’enseignement supérieur». Toutes les propositions ont été acceptées et la semaine d’action «Pour une éducation et un secteur de la recherche sans armée» a été organisée du 24 au 29 septembre 2012. La coordination de cette semaine d’action, c’est-à-dire l’organisation et l’envoi de tracts dans tout le pays ainsi que la maintenance du site internet de l’action, était concentrée dans le Bade-Wurtemberg et a été assurée par la campagne « Pas d’école pour la Bundeswehr dans le Bade-Wurtemberg».

Le « German Marshall Fund » des États Unis effectue une étude annuelle sur les grandes « tendances transatlantiques », dont on peut faire une lecture intéressante. Une des questions posées est : « Merci de nous dire dans quelle mesure vous êtes d'accord avec l'affirmation suivante : dans certaines circonstances, la guerre est nécessaire pour obtenir justice. » (Q29.2). Les réponses sont assez révélatrices (cf le graphique ci-dessous).

Placheolder image

Joanne Sheehan et Eric Bachman

La marche de dix-huit personnes sur le site du chantier de la centrale nucléaire de Seabrook dans le New Hampshire, le 1er août 1976, a été la première action directe non-violente collective aux États-Unis contre l'énergie nucléaire. Beaucoup d'opposants au nucléaire jugeaient trop radicale une telle tactique. Plus tard ce mois-là, lorsque 180 personnes avaient fait acte de désobéissance civile sur le site, les organisatrices/-teurs – la Camshel Alliance – ont recouru pour la première fois à la formation à la non-violence et à la structure des groupes d'affinité. Ultérieurement, ces éléments deviendraient familiers et seraient pratiqués partout dans le mouvement pour le changement social par la non-violence. Le 30 avril 1977, plus de 2 400 personnes occupaient le site, organisées en centaines de groupes d'affinité. Les deux jours suivants, 1 415 d'entre elles étaient arrêtées et beaucoup ont passé deux semaines en prison. Cette action a été une inspiration pour le mouvement contre le nucléaire et elle a créé un nouveau modèle international pour l'organisation des actions, incluant une formation à l'action directe non-violente et à la prise de décision par consensus au sein d'une structure non hiérarchique de groupes d'affinité.

L'inspiration pour l'action de Seabrook était en fait venue d'Europe. Au début des années 1970, des personnes en Allemagne et en France s'étaient inquiétées d'un projet de construction d'une centrale nucléaire à Whyl, en Allemagne. Près de là, de l'autre côté de la frontière, une société allemande avait fait part de son intention de construire une usine chimique au bord du Rhin à Marckolsheim (France). Les habitants de Whyl et Marckolsheim ont résolu de coordonner leurs actions dans une campagne internationale et elles/ils ont fondé en août 1974 une organisation conjointe, un comité international réunissant 21 groupes environnementaux des régions de Baden (Allemagne) et d'Alsace (France). D'un commun accord, elles/ils ont décidé d'occuper ensemble le premier des deux sites, quel qu'il soit, où les travaux débuteraient, afin d'interrompre le chantier.

Le 20 septembre 1974, alors que des ouvriers avaient commencé à édifier une palissade pour l'usine de Marckolsheim, des femmes sont venues se glisser dans les trous destinés aux poteaux et elles ont stoppé l'opération. Les militant/e/s ont dressé une tente, d'abord à l'extérieur de la ligne de clôture puis rapidement à l'intérieur, et ils ont occupé le site. Le soutien pour la campagne est venu de nombreux endroits. La revue allemande anarcho-pacifiste Graswurzelrevolution (GWR) avait contribué à diffuser l'idée d'actions non-violentes de terrain. Un groupe local de Fribourg (Allemagne), non loin des chantiers prévus, a présenté la non-violence active aux personnes qui s'organisaient à Whyl et à Marckolsheim. En 1974, un atelier de trois jours à Marckolsheim incluait une formation à la non-violence ; 300 personnes ont pratiqué des jeux de rôles en se préparant à ce qu'il fallait faire si la police arrivait.

Les gens des deux côtés du Rhin – fermiers, femmes au foyer, pêcheurs, enseignants, naturalistes, étudiants et autres – ont bâti une « Maison de l'amitié », ronde et en bois, sur le site. L'occupation s'est poursuivie à Marckolsheim tout du long de l'hiver, jusqu'à ce que le gouvernement français annule le permis de construire de l'usine, le 25 février 1975.

Pendant ce temps, la construction du réacteur nucléaire à Whyl en Allemagne avait commencé. Après quelques jours, la police a mis un terme à la première occupation du site, qui avait débuté le 18 février 1975. Après une marche transnationale de 30 000 personnes le 23 février, le chantier de Whyl a été occupé une deuxième fois. Stimulés par le succès de Marckolsheim, les militant/e/s, parmi lesquels des familles entières de la région, ont poursuivi l'occupation pendant huit mois. Plus de vingt ans de batailles légales ont finalement mis fin au projet de construction de la centrale nucléaire de Whyl.

L'été 1975, deux militant/e/s des États-Unis, Randy Kehler et Betsy Corner, ont visité Whyl après avoir assisté à la Triennale de l'Internationale des résistant/e/s à la guerre aux Pays-Bas. Ils avaient apporté le film Lovejoy's Nuclear War, l'histoire de la première action individuelle de désobéissance civile non-violente contre une centrale nucléaire aux États-Unis ; ils ont rapporté aux États-Unis, et aux personnes qui s'organisaient pour stopper la centrale de Seabrook, l'histoire stimulante des occupations communautaires allemandes. D'autres échanges d'information ont suivi. Pendant l'occupation de Seabrook en 1976, des militant/e/s de l'IRG en Allemagne avaient un contact téléphonique quotidien avec la Clamshell Alliance. Les militant/e/s non-violents allemands avaient utilisé le consensus, mais la structure par groupes d'affinité était pour elles/eux quelque chose de nouveau, qu'elles/ils voyaient comme une très bonne méthode pour organiser des actions.

En 1977, les formateurs et militants allemands Eric Bachman et Günter Saathoff ont réalisé une tournée d'interventions orales aux États-Unis, rendant visite aux groupes antinucléaires du nord-est des États-Unis, ainsi qu'à des groupes luttant en Californie contre un projet de centrale à Diablo Canyon. Des militant/e/s des deux côtés de l'Atlantique ont poursuivi ce processus d'enrichissement réciproque.

Les usines de Marckolsheim et de Whyl n'ont jamais été construites. Même si un des deux réacteurs prévus a été construit à Seabrook, aucune nouvelle centrale nucléaire n'a été lancée depuis lors. Whyl et Seabrook ont été des références importantes pour le mouvement contre le nucléaire et ont encouragé beaucoup d'autres campagnes du même ordre.

La Clamshell Alliance à Seabrook, elle-même inspirée par des actions en Europe, est devenue à son tour une source d'inspiration pour d'autres groupes aux États-Unis et en Europe. Aux États-Unis, le travail de Seabrook a inspiré la campagne réussie pour stopper la centrale nucléaire de Shoreham à Long Island (New York), qui était déjà construite à 80 %. Tout a commencé quand un groupe d'affinité de membres de la War Resisters League est rentré de l'occupation de Seabrook et a commencé à s'organiser en interne. Des militant/e/s anglais qui avaient participé en 1977 à l'occupation de Seabrook, avec des militants qui en avaient entendu parler dans Peace News, ont décidé de promouvoir cette forme d'organisation en Grande-Bretagne. Cela a donné lieu à la Torness Alliance, qui s'est opposée au dernier projet de site nucléaire en terrain vierge, dans le sud-est de l'Écosse. En Allemagne, un certain nombre de centrales nucléaires et d'usines de retraitement du combustible nucléaire ont été empêchées ou fermées en raison des protestations croissantes. Au début des années 1980, des actions non-violentes d'envergure, qui ont recouru au modèle des groupes d'affinité, se sont déroulées en Grande-Bretagne comme en Allemagne contre l'installation de missiles de croisière états-uniens. Et l'histoire a continué, des groupes d'affinité étant utilisés dans le cadre de nombreuses actions non-violentes dans le monde (y compris à l'occasion de sit-in à Seattle en 1999, contre la réunion de l'Organisation mondiale du commerce).

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