Lettre ouverte sur la Covid-19 et le désarmement humanitaire
Dans cette édition du Broken Rifle, nous insérons une lettre conjointe de plusieurs organisations du monde entier appelant au désarmement humanitaire. En juillet, plus de 155 organisations ont signé une lettre conjointe appelant au désarmement humanitaire pour un meilleur monde post-pandémique. Dans cette lettre, ces organisations appellent les Etats, les Organisations internationales et la société civile à suivre l’exemple du désarmement humanitaire en créant la « nouvelle norme ».Vous pouvez lire la lettre ci-dessous. Pour voir la liste complète des signataires, cliquez ici.
La pandémie de la Covid-19 a entrainé un lourd tribut humain et économique et a brisé des vies dans de nombreux pays. La pandémie a également révélé que des solutions mondiales devraient être envisagées pour palier aux problèmes mondiaux, non seulement pendant la crise actuelle, mais aussi après sa fin. Le moment est venu de se pencher sur le monde tel qu’il est et d’envisager une meilleure alternative pour le futur. La « nouvelle norme » devrait aller au-delà du domaine de la santé publique pour traiter d’autres questions d’intérêt international du moment, y compris les conséquences humanitaires des armes et des conflits armés, sans oublier la paix et la sécurité en général.
Le désarmement humanitaire, une approche de gouvernance des armes qui accorde la priorité aux personnes, peut concourir à ouvrir la voie à un meilleur monde post pandémique. Le désarmement humanitaire vise à prévenir et remédier aux souffrances humaines et aux dommages environnementaux causés par les armes grâce à l’établissement et à l’application de normes. Depuis le milieu des années 90, il a généré quatre traités internationaux, a reçu deux prix Nobel de la paix et a suscité des efforts en cours pour réduire d’autres dommages liés aux armes.
Les deux pilers du désarmement humanitaire, à savoir la prévention et la rémédiation, devraient guider l’allocation des ressources pour faire progresser la sécurité humaine. La Covid-19 a amené les peuples à porter une nouvelle attention aux choix budgétaires des Etats. Pour prévenir les dommages causées par les armes, les gouvernements et les industries devraient cesser d’investir dans des armes inacceptables, renforcer la protection des civiles contre l’utilisation des armes et veille à ce que les transferts d’armes soient conformes au droit international. L’argent dépensé pour les arsenaux nucléaires et autres dépenses militaires pourrait être mieux utilisé à des fins humanitaires, telles que les soins de santé ou les dépenses sociales. Pour remédier aux dommages, les gouvernements devraient rediriger l'argent vers des programmes qui aident les victimes, restaurent les infrastructures, nettoient les munitions explosives et nettoient la pollution liée aux conflits. Le financement des institutions multilatérales qui fixent des normes sur ces sujets et veillent à leur mise en œuvre ferait également progresser les objectifs du désarmement humanitaire.
Les principes d'inclusion et de non-discrimination, qui sont fondamentaux pour le désarmement humanitaire, devraient éclairer les mesures visant à remédier aux inégalités que la Covid-19 a révélées et exacerbées. La pandémie a accru les défis auxquels sont confrontés les survivants du conflit et les autres personnes handicapées en raison de la vulnérabilité de certains groupes, de leur incapacité à accéder aux soins de santé et aux produits de première nécessité et aux restrictions imposées aux travailleurs humanitaires. Une réponse humanitaire en matière de désarmement garantirait que ces inégalités et cette marginalisation ne s’enracinent pas. Elle favoriserait également des programmes plus sensibles qu’auparavant. Les États et les acteurs humanitaires devraient intensifier leurs efforts pour impliquer les personnes touchées et les populations diverses dans la prise de décisions, collecter des données ventilées par sexe, âge, handicap et appartenance ethnique, et fournir une assistance de manière non discriminatoire.
L'inclusivité et l'accessibilité devraient sous-tendre la diplomatie à mesure qu'elle émerge de son état numérique actuel. Depuis que la pandémie a conduit à un confinement mondial, les réunions de désarmement en présentiel ont été annulées, reportées ou tenues numériquement. Si les réunions en présentiel présentent d'importants avantages, une fois qu'elles reprendront, la communauté internationale pourrait accroître l'inclusivité et l'accessibilité en permettant une participation en ligne significative aux réunions multilatérales. Les personnes, y compris les survivants et autres personnes handicapées, qui ne peuvent pas voyager en raison d'un manque de financement ou de restrictions de visa, pourraient contribuer aux discussions critiques sur l'établissement et l'opérationnalisation des normes.
Enfin, la coopération internationale doit devenir un moyen standard de traiter les problèmes mondiaux, comme c'est le cas dans le désarmement humanitaire. Les traités de désarmement humanitaire, qui imposent la coordination internationale, l'échange d'informations et le partage des ressources, offrent des modèles de coopération. Les États devraient adopter une approche coopérative pour lutter contre les dommages humains et environnementaux causés par les armes et accroître leur assistance aux États touchés. Un tel état d'esprit coopératif, renforcé par l'expérience de la pandémie, devrait se reporter à d'autres efforts multilatéraux pour créer, mettre en œuvre et adapter les normes internationales.
Alors que le monde transite à une réalité post-pandémique, nous appelons les États, les organisations internationales et la société civile à suivre l'exemple du désarmement humanitaire. La communauté internationale doit donner la priorité à la sécurité humaine, réaffecter les dépenses militaires à des causes humanitaires, œuvrer pour éliminer les inégalités, veiller à ce que les enceintes multilatérales intègrent des voix diverses et apporter un esprit de coopération aux problèmes de pratique et de politique. Ensemble, nous pouvons remodeler le paysage de la sécurité pour l'avenir et contribuer à créer une «norme» nouvelle et améliorée.
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