Motion de l’IRG sur l’Ukraine

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La guerre revient sur le sol européen, et il semble que les Européens ne soient pas capable, ou ne veulent pas, appliquer les leçons qu’ils essaient d’enseigner sur d’autres parties de la planète. L’Union européenne, lauréate du prix Nobel de la paix, place l’Ukraine dans une position impossible en lui demandant de choisir entre un pacte politique avec l’UE ou une relation économique serrée avec la Russie. Les gens ordinaires en Ukraine n’ont que de faibles revenus sur le continent, et font face à un des plus hauts niveaux de corruption politique et économique, engendrant le désespoir pour la majorité d’entre eux – d’ici à ce que l’offre de l’UE apparaisse à beaucoup comme une opportunité en or pour faire un premier pas hors de ce bourbier.

L’usage de la violence par les deux côtés, dans les pas suivants les manifestations de Maidan, créa un précédent, et servit de justification pour le déploiement violent dans des parties d’Ukraine où la majorité de la population désapprouve le nouveau cours de la politique du pays. Aussi, la présence de néo-nazis dans la nouvelle politique officielle de l’Ukraine, et la montée d’unités paramilitaires qui leurs sont connectées, encourage les autres Ukrainiens – dans des régions où la plupart se sentent plus attirés et attachés à la Russie qu’à l’UE – de considérer la lutte armée comme une méthode légitime pour traiter ce conflit.

La Russie n’a pas attendu pour prendre possession de la Crimée, justifiant cela comme la volonté de la population – bien qu’elle ait négligé de telles considérations dans ses propres territoires il y a un peu plus d’une décennie, quand elle réprimait brutalement les sécessionnistes. Voilà qui démontre une fois de plus que, pour les États impliqués, le conflit porte sur des territoires plutôt que sur la vie des habitants.

Dans ce conflit, nous constatons qu’il est difficile de distinguer entre manifestants civils, de quelque option politiques qu’ils viennent, et membres d’unités paramilitaires qui se mélangent souvent avec les protestataires non armés et pacifiques. Cela encourage la tendance pour les civils de devenir des cibles militaires, comme c’est arrivé à Odessa et ailleurs.

L’Otan fit la seule chose qu’elle sait faire : elle commença des manœuvres qui ressemblaient à une menace de guerre, et la Russie fit de même en regroupant ses forces sur la frontière avec l’Ukraine. Les plus récentes manœuvres de l’Otan sont programmées pour avoir lieu à l’intérieur de l’Ukraine. Les seuls vainqueurs de l’usage continu des armes dans des zones contestées telles que l’Ukraine seront les industries de l’armement, qui font du lobbying pour des dépenses militaires plus élevées dans les pays européens sous prétexte de la menace d’un conflit plus grand. Et le nouveau président ukrainien, qui a reçu un large soutien international, a sa réponse à la situation – plus de violence.

C’est pourquoi :

Nous appelons à un cessez-le-feu inconditionnel et immédiat de toutes les parties investies dans le conflit.

Nous appelons l’Otan et la Russie à arrêter de se menacer l’un l’autre ; de stopper leurs mouvements de troupes dans la zone ; et de cesser leurs discours creux sur la reprise de la course aux armements, sur le renouvellement des armes nucléaires, et sur la guerre des étoiles et son bouclier de missiles planifié en Europe de l’Est. Et nous condamnons l’expansion de l’Otan dans de nouvelles zones.

Nous appelons à cesser la militarisation croissante de la région, qui prend la forme d’une accentuation de la conscription et de la création de nouvelles forces (officielles ou autres).

Nous lançons un appel aux Ukrainiens pour résister de façon nonviolente à l’état de guerre, de refuser d’y participer, particulièrement s’ils sont mobilisés de force, tant par des armées régulières que par des milices – d’exprimer leur objection de conscience à la guerre. Nous condamnons le changement unilatéral de propriétaire de la Crimée et demandons pour un tel problème une solution sereine, incluant l’utilisation de processus légaux acceptés internationalement, afin de prévenir la création de nouveaux conflits « gelés ».

Nous appelons à des négociations immédiates, avec médiation internationale, et impliquant toutes les parties concernées, dans l’objectif de trouver une solution qui garantira une paix durable dans la région.

Nous condamnons l’association de groupes fascistes au sein du gouvernement Ukrainien, ce qui brise le tabou européen sur la présence de tels groupes impliqués dans des gouvernements en Europe.

Nous appelons les médias, de l’Ouest comme de l’Est, d’éviter de répandre la propagande militaire et les rumeurs, et de se centrer sur des reportages précis et professionnels à propos de l’Ukraine. En particulier, ils doivent empêcher d’encourager la polarisation, tant en déqualifiant tout le gouvernement ukrainien comme fasciste qu’en caractérisant les manifestants du Sud et de l’Est comme staliniens.

 L’Internationale des résistants à la guerre est prête à offrir tout le soutien qu’elle pourra à tous ceux qui résistent au régime de guerre par tous moyens nonviolents, particulièrement aux objecteurs de conscience et aux déserteurs. Nous rappelons à toutes les parties concernées que le droit à l’objection de conscience est reconnu par la Cour européenne des droits de l’homme, et qu’à la fois l’Ukraine et la Russie sont attachées à son application.

Adopté par l’Assemblée générale de l’IRG, réunie au Cap (Afrique du Sud), le 11 juillet 2014

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