Turquie : Bannir le site internet de l’IRG pour régler le problème de l’objection de conscience

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Dans un article du Stratejik Arastirmalar Dergisi n°8 de septembre 2006, un commandant de l’armée turque recommandait de fermer plusieurs sites internet promouvant le droit à l’objection de conscience, parmi lesquels savaskarsitlari.org et wri-irg.org, le site internet de l’Internationale des RésistantEs à la Guerre.

L’article intitulé « La turquie et l’objection de conscience en pratique » fait d’abord un tour d’Europe de l’objection de conscience avant de se pencher sur la situation en Turquie. L’auteur se plaint que la décision de la Cour européenne des droits de l’homme pour l’affaire de l’objecteur de conscience turc Osman Murat Ülke est utilisée comme propagande contre la conscription en Turquie. Il écrit: « des organisations non gouvernementales contribuent à cette propagande d’une manière ou d’une autre. Ces organisations (par exemple : Association protestante pour la protection des objecteurs de conscience, l’Internationale des résitantEs à la guerre, le Bureau européen de l’objection de conscience, etc) font de la promotion via leurs sites internet et des conférences internationales, et ont pu parfois exercer une influence considérable sur les politiques de l’UE. »

L’auteur continue ensuite argumentant que bien des objecteurs de conscience refusent pour des raisons personnelles « et qu’ils sont influencés par la culture et la propagande venant de l’étranger. Il est par conséquent probant de prendre des mesures propres à protéger la jeunesse de la propagande négative et à informer correctement nos citoyens. Sinon, le manque d’information digne de ce nom risque d’être exploité par des individus et des organisations agissant de mauvaise foi. »

L’auteur prétend que l’objection de conscience est en contradiction avec la culture turque. « Comme c’est bien connu, les us et coutumes font partie de la base non écrite du droit. Notre droit positif est inévitablement formé et influencé par notre propre culture. Alors que l’objection de conscience peut paraître acceptable pour la culture européenne, il ne fait pas de doute que c’est en contradiction avec nos propres pratiques culturelles selon lesquels, par exemple, le service militaire est par convention une condition préalable au mariage où que les mères ne bénissent pas leur fils tant qu’il n’ont pas effectué leur service ».

Il en arrive aux conclusions suivantes, que nous reproduisons ici dans leurs intégralité :

« Les remarques ci-dessus amènent à considérer :

a. Que légiférer en faveur de l’objection de conscience ne serait pas approprié du fait des besoins croissants en sécurité qui nous sont imposés de par la position géostratégique et la situation intérieure de notre pays, ainsi que de par nos coutumes et ce, tant qu’existent des menaces à notre sécurité intérieure et extérieure,

b. Que la reconnaissance de l’objection de conscience comme un droit inscrit dans la loi ne devrait être envisagé que lorsque nos besoins en sécurité seront considérablement amoindris. Dans cette éventualité, la durée du service de substitution ne devra pas être trop courte pour ne pas être un encouragement, ni trop longue et ni trop pénible pour ne pas permettre des poursuites juridiques à l’encontre de la Turquie.

c. Que l’état major pourrait envisager une section sur son site officiel internet et de le faire référencer par les principaux moteurs de recherche (tels www.google.com, www.alta-vista.com, etc.) pour informer correctement l’opinion publique sur le sujet vu que les objecteurs de conscience utilise efficacement internet à leurs fins,

d. Que des actions en justice devraient être intentées pour interdire les sites internet à la propagande négative –à commencer par ceux exploitant l’intitulé de l’état-major comme « www.tsk-genelkurmay.com » et « www.genel-kurmay.com »– mais aussi « www.savaskarsitlari.org », « www.wri-irg.org », « www.mehmettarhan.com » et « www.kurdishinfo.com ».

e. Que, de plus, les cours de « sécurité nationale » au lycée devrait être correctement utilisés pour protéger la jeunesse de la propagande négative relative à l’objection de conscience.

f. Que, enfin, il serait utile de participer aux conférences tenues par les ONG étrangères en vue de transmettre au public européen ces considérations et de leur montrer que les nécessités et les conditions liées à la sécurité en Turquie ne sont pas les mêmes que d’autres pays. »

Il semble que certains des sites mentionnés ci-dessus sont maintenant clos. »

Source: Mu. Kur. Bnb. Ersin KAYA, « Vicdani Ret Uygulamasi ve Turkiye », Stratejik Arastirmalar Dergisi, n° 8 de septembre 2006, p 35 à 42

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