Les objecteurs de conscience druzes: discrimination, silence et ignorance
LA SITUATION des objecteurs de conscience druzes n'a pas reçu beaucoup d'attention - ni des médias, ni du mouvement de paix à l'intérieur d'Israël, ni de l'étranger. Par Andreas Speck.
Les Druzes forment une minorité au sein de la population arabe. Quand Israël établit le service militaire en 1956, il était supposé être obligatoire pour tout homme arabe et palestinien. En raison de la résistance par les Palestiniens chrétiens et musulmans, l'État d'Israël renonça à l'idée de faire appliquer la conscription et tous les hommes arabes étaient automatiquement exemptés du service militaire. La situation des Druzes est différente. Pour cause de manipulation, les autorités israéliennes décidèrent de contraindre seize leaders druzes à signer un accord sur le service militaire obligatoire pour les Druzes. Depuis lors, les hommes druzes ont droit au service militaire. Les femmes druzes, contrairement aux israéliennes n'y ont pas droit.
Le Comité d'initiative druze pour l'objection de conscience (CID) a été fondé en 1972. Il a quatre objectifs principaux : - la fin du service militaire obligatoire, - l'opposition à la confiscation du pays druze, - empêcher toute interférence de l'État d'Israël en matière de nationalité et de religion, - la démocratie et l'égalité des droits.
Le sort des objecteurs de conscience n'a reçu que peu d'attention du public. Il y a des douzaines d'objecteurs druzes en prison en toute saison, et le CID publie les noms de ceux qui l'accepte.
Alors que la plupart des Druzes qui refusent de servir dans l'armée israélienne le font pour des motifs de conscience, certains refusent pour des raisons économiques ou religieuses.
Les peines de prison cumulées des objecteurs druzes atteignent plusieurs milliers d'années.
Jihad Sa'ad, secrétaire du CID, dit que près de 40 % des hommes druzes refusent de servir - luimême a fait son service militaire, mais depuis refuse les périodes de réserve. L'un de ses fils, Rabin Jihad Sa'ad, est actuellement incarcéré, en attendant de comparaître devant la cour martiale.
Plusieurs objecteurs druzes passent 30 à 36 mois en prison - des peines aussi lourdes sont inconcevables pour les objecteurs israéliens. L'un des facteurs, de cette exceptionnelle répression, est que la plupart des objecteurs druzes ne respectent pas les règles du jeu : alors que les objecteurs israéliens se présentent à leur base d'incorporation, le jour où ils sont supposés être enrôlés dans l'armée, souvent les objecteurs druzes ne se rendent pas en personne à leur affectation, ou se présentent très en retard. Cela les conduit fréquemment devant la cour martiale pour désertion, avec des sentences beaucoup plus importantes. La combinaison des questions d'éducation et de racisme a pour résultat des emprisonnements bien plus longs pour les objecteurs druzes.
Salman Natour, un écrivain druze, met en relief que la lutte des objecteurs druzes ne peut pas s'envisager à part de celle plus générale pour abolir le service militaire obligatoire. Il distingue deux aspect principaux pour ce refus : - politique : les Druzes appartiennent à la nation arabe et doivent prendre part à la lutte pour changer la politique israélienne - partie de la lutte pour l'égalité des droits à l'intérieur d'Israël.
- moral : l'État israélien ne peut pas recruter les Druzes, parce qu'ils sont une part de population palestinienne d'Israël et qu'ils ne peuvent pas participer à une armée qui les combat euxmêmes. Mais l'objection de conscience reste aussi une affirmation générale contre la violence et contre la guerre.
Le CID coopère avec les organisations israéli ennes de refuzniks. Comme les Druzes vivent au sein d'Israël - et parmi les juifs - le soutien des groupes juifs est très important pour eux.
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