Démilitariser la police

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Police stand and sit by the side of the road.  Their shields and helmets are laid out in rows on the road.
Thai police change tactics and lay down their shields and helmets during antigovernment protests in 2013

Tandis qu’un changement évident vers une police militarisée peut être observé partout dans le monde, il existe de nombreux exemples de tentatives de démilitarisation de la police ; souvent en réponse à la fin d’un conflit armé ou suite à la chute d’un régime autoritaire. Dans la plupart de ces exemples, la police militarisée a tenté de ressurgir sous une autre forme.

Avant la chute du dictateur indonésien Suharto en 1998, l’armée et la police ne formait qu’une unité sous une seule chaîne de commandement. Après la chute de Suharto, les deux institutions ont été séparées et il y a eu également un mouvement pour déloger les militaires du pouvoir politique. La «guerre contre le terrorisme» a étouffé ce processus et la brutalité policière est un problème commun croissant, avec la Brigade Mobil (police paramilitaire armée) et le Détachement spécial 88 (police des forces spéciales contre-insurrectionnelles), tous deux utilisés en Papouasie Occidentale occupée contre des manifestants pour l’indépendance, et qui s’avèrent particulièrement préoccupants.

La police sud-africaine a été « ré-entraînée pour ‘gérer’ plutôt que pour ‘maîtriser’ les foules » lorsque l’apartheid a pris fin en 1994 et de nouveaux grades, non-militaires, ont été attribués. Cependant, les grades militaires ont été réintroduits au sein des forces de police en 2010 en réponse à un taux élevé de criminalité et des entraînements à des « techniques décrites comme étant ‘paramilitaires’ et dignes des démonstrations de force » ont été menés par la police française. Lors du massacre de Marikana en 2012, une police lourdement armée a abattu 34 mineurs grévistes ; « la BBC a rapporté que l’armement disponible pour la police ce jour-là incluait une mitrailleuse de 40mm montée sur véhicule » (Tabassi and Dey, 2016).

En Turquie, la militarisation de la police a eu lieu dans un contexte de supposée démilitarisation de la société dans son ensemble. Les pouvoirs extrajudiciaires de la police ont été étendus de manière significative, utilisant le prétexte du coup d'État militaire de 1980, au nom de l’élimination du pouvoir militaire sur la politique. L’utilisation des Unités d’Intervention Rapide (Çevik Kuvvet) et des Équipes des Opérations Spéciales (Özel Harekat Timleri) en sont un exemple, ayant toutes deux été créées après le coup d’Etat. La gendarmerie, qui était anciennement une branche des forces armées responsable du maintien de l’ordre local a été récupérée par le Ministère de l’Intérieur suite au coup d’État manqué de juillet 2016.

En Colombie, il existe également des inquiétudes quant à la militarisation de la police dans un contexte de démilitarisation suite à la signature d’accords de paix entre le gouvernement et les FARC (Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia ou Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) le 24 novembre 2016. Depuis la signature des accords de paix, plus de 100 leaders de différents mouvements sociaux ont été assassinés. Une nouvelle doctrine militaire appelée Doctrine Damas est développée par les forces armées, qui consiste à renforcer les forces armées afin qu’elles soient le premier interlocuteur avec la société civile, consolidant l’emprise militariste sur l'État.

La police sud-coréenne suit actuellement un processus de démilitarisation avec la fin de la conscription pour les forces de police en tant que partie du service militaire d’ici 2023. La conscription a d’abord été introduite pour l’unité de Police de Combat de la police en 1982 qui avait pour mission de « débusquer les espions nord-coréens et de maintenir l’ordre public » (Park, 2017). La Police de Combat a été dissoute en 2013 mais les appelés ont continué à exercer les mêmes fonctions militaires. L’un des rôles principaux de cette police d’appelés a été de s’opposer à des manifestants lors de manifestations politiques. Il reste à voir ce qui ressortira de cette avancée vers la démilitarisation et quels en seront les effets sur les forces de police plus généralement.

La police du Kenya procède actuellement à une refonte de ses services, à partir des recommandations du Groupe de travail national sur les réformes de la police.

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