Le Projet “Casspir”
![The Casspir Project in progress, 2016 A largely undecorated Casspir stands in a warehouse with brick walls and a concrete floor. The khaki paintwork of the Casspir is interrupted by bright, multicoloured beading on the window frames and grille. An artist in overalls is working on the beading on the grille and near the back wheel there is a platform ladder.](/sites/default/files/public_files/styles/single_page_mobiles_and_tablets/public/2017-08/the_casspir_project_in_progress_2016_2.png?itok=Rh04Ee11)
Esaïe 2:4
De leurs glaives ils forgeront des hoyaux
“Casspir” est un projet aux facettes multiples, comprenant installation, photographie, histoire orale et documentaire. Cette entreprise artistique se base avant-tout sur un principe de ré-appropriation face à l’héritage de la violence d’Etat en Afrique du Sud symbolisé par le véhicule de combat “Casspir”. Il s’agit de réhabiliter un de ces véhicules en le couvrant d’un tissage de perles de verre au couleurs vives et au motifs traditionnels, réalisé par des artisans du Zimbabwe et de la province sud-africaine du Mpumalanga où les femmes de la tribu Ndebele sont reconnues pour leur savoir-faire.
Le mot Casspir est en fait un anagramme des acronyme SAP (“South African Police”) et CSIR (“Council for Scientific and Industrial Research”). Créé á la fin des années 1970 et mit en service au début des années 1980, le véhicule Casspir fut utilisé en masse par la police sud-africaine durant l’Apartheid, ainsi que par la “South African Defence Force” (nom donné à l’époque aux forces armées). Resistant aux balles et aux mines, le véhicule militaire fut principalement utilisé dans les Townships sud-africains contre la populations civile en zones urbaines, de telle façon que dès le milieu des années 80, sa simple présence symbolise la terreur, et il devient à lui seule la main de fer omniprésente de la repression séparatiste.
Quiconque a vécu en Afrique du Sud dans les années 1980 se souvient du Casspir au moins autant que les gaz lacrymogènes et des pneus en flammes ainsi que de la poigne de fer de P.W. Botha et ses généraux. Rien ne crie “intimidation policière” comme l’odeur du diesel et le rugissement du moteur 165 chevaux. Rien n’était aussi puissant que la vision d’une de ces bêtes cuirassé se projeter à 90 km/h dans les rue étroites des Townships.
Ziman, à l’origine du projet, a quitté l’Afrique du Sud en 1981 et vécu aux Etats-Unis pendant 30 ans. “Casspir” est la première installation artistique qui s’attache à penser l’Afrique du Sud de l’ère de l’Apartheid à travers le biais du véhicule.
“Je me souvient de colonne de Casspirs, dix ou peut être quinze, se dirigeant vers les township d’East Rand de Daveyton Katlehong” raconte Ziman. “Je me souviens des policiers paramilitaires lourdement armés assis sur le véhicule en brandissant leurs armes automatiques, des Casspirs filant à toute allure à travers les rues étroites et escarpées de Soweto et de la façon dont la police arrêtait deux Casspirs au milieu de la route pour créer un checkpoint, forçant le trafic a ralentir en forme de S.”
Après l’Apartheid, les Casspir cessèrent d’être utilisés en Afrique du Sud et leurs carcasses rouillées et laissées à l’abandon sont une relique d’un passée que l’on préfèrerait oublier. Cependant le modèle fut aussi vendu aux Etats-Unis et servirent durant la guerre en Irak avant d’être affecté plus récemment aux polices locales. A l’heure de Ferguson et de Black Lives Matter, le Casspir à fait un retour dans l’espace public et son spectre continue de nous hanter. La sur-militarisation des forces de polices acquérant un nombre accru d’équipement militaire est aujourd’hui un point crucial des discours sur les violences policières aux Etats-Unis.
Le projet Casspir est une vibrante mise en lumière de cette Histoire, ainsi que du besoin de Ziman de se confronter à son passé et au pays qu’il a laissé derriere lui. On trouve ici un effort de reconciliation avec une Histoire de dévastation permettant la mise en place d’un dialogue quant au futur, au chemin laissé à parcourir et au monde dans lequel nous désirons vivre un fois ce parcours achevé.
Il a débuté à la Galerie d’Art Nationale d’Afrique du Sud Iziko à Cape Town en Décembre en 2016 et est exposé autours du pays. Il rejoindra après Londres, puis les Etats-Unis.
Stay up to date with our international antimilitarist activism.
Ajouter un commentaire