Kenya : police de proximité
La police du Kenya procède actuellement à une refonte de ses services, à partir des recommandations du Groupe de travail national sur les réformes de la police. Leur contribution, connue sous le nom de rapport Ransley, formule des recommandations à la police kenyane, qui sont basées sur les principes de la police démocratique, et suggère que la police communautaire devrait être un pilier central pour le Kenya.
Le manque de responsabilité de la police et la surveillance civile de la police ont été soulignés comme des questions clés dans ce rapport ; il a été reconnu que l’absence de justice procédurale conduit à un manque de confiance et de collaboration entre les communautés et la police. Avant cela, des organisations comme Chemchemi Ya Ukweli (CYU) et des individus avaient suggéré que la police basée sur la société civile soit une réponse aux niveaux croissants de criminalité au sein des communautés kenyanes et à la culture de la violence qui accompagnait cette situation. La police communautaire est une approche du problème qui rassemble la police, la société civile et les communautés locales, afin de développer des solutions de terrain aux questions de sûreté et de sécurité de proximité. Pour CYU, cette approche / programme visait à améliorer les relations entre la police et les communautés, à leur permettre de travailler ensemble et à trouver des solutions aux problèmes de sécurité communautaire.
Récemment, le défi d'activités terroristes dans le pays a changé la dynamique, donc les efforts et les investissements dans le maintien de l'ordre (basé sur les communautés dans une grande mesure). Ces actes créent un risque de record historique pour laminer les libertés. Notre expérience du travail fait pour contrer l'extrémisme violent à Mombasa (et sur la côte en général), où la police a utilisé la force et a tué dans sa quête pour contenir le terrorisme, consiste en ce que cette tactique mène à une sorte de situation vers de nouvelles violences racistes. Cela a fait entrer l'extrémisme violent dans la clandestinité et n'a en aucune façon éliminé les menaces posées par le terrorisme et les organisations de terroristes.
En réponse aux menaces de terrorisme le gouvernement kényan, en utilisant inutilement la force, a probablement cherché à effrayer des communautés et particulièrement des jeunes pour les dissuader de s'engager dans des groupes terroristes. Cela a mené, parfois, aux exécutions extrajudiciaires qui ont irrité des communautés, les conduisant et particulièrement les familles des victimes à se rapprocher de groupes terroristes, comme des sympathisants ou des recrues possibles, voire simplement pour chercher vengeance. Cette situation menace plus les hommes convertis, qui voudraient déclencher du terrorisme et des activités de terreur, puisqu’on ne garantit pas leur sécurité.
La sérieuse déconnection entre les agences de sécurité du gouvernement et le droit à la vie des personnes n’a pas aidé à trouver un terrain d’entente entre des approches totalement opposées. Les Unités de police antiterroriste travaillent isolées. De plus, la confusion et la concurrence entre l’initiative du gouvernement Nyumba & Kumi [dix maisons] et l’Unité de police de proximité coordonnée séparément, confond les organisations de la société civile et les communautés censées théoriquement bénéficier de leurs actions. Cependant, pour les organisations de la société civile, la position et donc l'approche est différente. CYU soutient que « toute vie est sacrée et de valeur absolue », y compris la vie de terroristes présumés. Se baser sur les raisons fondamentales sur lesquelles le terrorisme attire les jeunes est donc très important pour les organisations de la société civile. L'amnistie pour les rapatriés et le processus de réintégration approprié renforce la confiance, favorise la réconciliation et, plus important encore, rétablit les relations. CYU estime donc que l'absence d'une approche multisectorielle de ces questions nous éloigne de nos jeunes et se rapproche de la terreur organisée et des gangs criminels, ce qui entraîne de plus en plus de militarisation dans nos communautés chaque jour. Si rien ne change, la réponse sera encore plus donnée par les agences de sécurité de l’armée, car la conviction est qu'une force de police « mieux équipée » et plus militarisée serait mieux placée pour faire face aux menaces violentes.
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