Développement de la jeunesse et sécurité en Afrique

Publié dans Le Fusil brisé, Décembre 2013, No. 98

Plus de 65 % de la population africaine a moins de 35 ans. Cela fait de l'Afrique un continent plein de jeunes avec un énorme potentiel : pour une force de travail active, d'immenses énergies humaines et un réservoir de créativité pour des transformations économiques, sociales et politiques. Le potentiel pour que les jeunes gens transforment leurs communautés peut-être colossal.

Les jeunes peuvent devenir des forces pour un changement positif si garçons et filles jouent leur rôle positif et décisif dans la construction de communautés pacifiques et prospères. Ce sera possibles quand des groupes de jeunes prendront des responsabilité en tant que citoyens et agents pour le changement social, en participant activement aux actions nonviolentes et aux investissements innovants fondés sur les initiatives des communautés de base.

Cependant, le chômage et le manque d'opportunités d'éducation signifie que beaucoup vivent dans la pauvreté, sont impliqués dans des conflits armés et sujets à l'exclusion. Selon les statistiques de l'Union africaine, plus de dix millions de jeunes africains arrivent sur le marché du travail chaque année. Ainsi, des jeunes gens peuvent être instruments ou meneurs de conflits. L'exclusion et la dépossession sociale sont souvent utilisées comme une explication de l'engagement de jeunes dans les conflits violents.

Les principaux facteurs structurels qui sous-tendent l'exclusion de la jeunesse et l'absence d'opportunités incluent : chômage et manque de perspectives ; éducation inégale et inappropriée, savoirs faire ; faible participation politique ; inégalités structurelles de genre et de pratiques de socialisation. Héritages de la violence passée, par exemple des conflits armés prolongés, peuvent amener à des cercles vicieux, où la violence devient la norme et non pas l'exception.

L'expérience montre que quand un grand nombre de jeunes sont sans travail et avec peu d'espoir d'engagements constructifs, ils représentent une cagnotte toute prête pour des recrutements par des extrémistes politiques, religieux et ethniques, cherchant à racoler pour la violence. Dans ce cas, les jeunes deviennent sources d'instabilité et d'insécurité. Réciproquement, si les jeunes acquièrent des savoirs faire combinés avec leur maîtrise, ils peuvent diriger leurs efforts pour transformer les vilaines conditions de la violence, de l'inégalité et de la pauvreté en paix et prospérité. Ils peuvent contribuer à la sécurité et au bien être de leur communautés.

Le Comité du service des amis américains (CSAA) est une association quaker engagée dans la paix et la justice sociale. Elle se concentre sur la promotion des alternatives pour les jeunes affectés par la violence des structures, l'inégalité et l'injustice. Construisant un esprit d'entreprise pour les jeunes, une maîtrise des savoirs faire et en nourrissant des approches nonviolentes pour la résolution des problèmes, tels sont les points clefs du développement de la jeunesse. Les programmes du CSAA plonge les jeunes dans des formations alternatives à la violence, les fait participer à du travail de réhabilitation, à des taches et événements pacifistes. Travailler avec des jeunes présente des avantages uniques, car ils sont plus ouverts au changement, tournés vers le futur, plein d'initiatives, courageux et bien informés sur les réalités de leurs semblables.

Les programmes du CSAA permettent au jeunes de passer le “Cycle de fin d'études publiques” et de prendre des rôles moteurs dans leurs communautés, en entreprenant des taches pratiques telles la collecte des ordures, du sport ou de réparer les routes. Ils apprennent aussi comment travailler ensemble avec des groupes de participation, et développent leur culture de la tolérance à des points de vue différents. Le CSAA conduit aussi des projets pour soutenir les opportunités de créations d'emplois et générer des revenus réguliers, à travers des formations à vocations variées sur les savoirs faire et la direction des affaires. Elles incorporent aussi du conseil et du tutorat. Quelques uns des jeunes ont d'ores et déjà ouvert des affaires et gagnent leur vie à partir des savoirs faire acquis sur leur projet.

Les voix des jeunes sont vitales. Quand ils participent, ils peuvent influer sur la politique et les décisions qui affectent leur vie et éduque le public à travers la peinture, la poésie, la musique, la danse, le drame et les sports. Le CSAA soutient la création de plate-formes jeunesse, où garçons et filles peuvent s'exprimer sur la paix et la réconciliation dans la société. Les jeunes ont nourri le dialogue et construit des relations entre les communautés.

Le rôle des jeunes est souvent décrit avec un éclairage négatif – soit ce sont des victimes impuissantes des conflits violents, ou des membres de gangs criminels ou des enfants soldats. Ces portraits voudraient voir les jeunes comme d'incurables violents, des auteurs de violences ou des personnes vulnérables. Ces défis sont embarqués dans une réalité locale de la communauté et de la nation, mais fabriquent des manifestes à partir de la vie des jeunes. Il est impératif de regarder les racines des menaces sur la sécurité et des problèmes structurels, plutôt que de voir en eux la source de l'insécurité qu'il est nécessaire d'adoucir.

Ainsi, il devient vital d'observer le côté positif des expériences des jeunes gens, particulièrement leur pouvoir et potentialité d'acteurs du changement. C'est uniquement après cette reconnaissance que nous serons en mesure de cultiver et d'investir dans ces possibilités. Le chemin pour aller de l'avant en Afrique demande plus d'attention au développement de la jeunesse, en imaginant des capacités d'innovations, de créativité, d'animation et de bien être économique. Les jeunes deviendront alors les moteurs de la sécurité et du développement en Afrique.

Dereje Wordofa

Ajouter un commentaire