Renforcement des pouvoirs de la population à travers le monde.

Compte-rendu de la conférence de l'IRG en Inde sur la non violence et la réappopriation du pouvoir social

En février 2001, un peu plus tardivement qu'initialement prévu, 70 personnes de 20 pays et 5 continents se sont rencontrés pendant une semaine à la Gandhi Labour Foundation à Puri, dans le golfe de Bengale afin d'échanger leurs expériences d'acquisition de pouvoirs, afin de se poser des questions et pour chercher de nouvelles réponses [1]. Le lieu était bien choisi. La Gandhi Labour Foundation, un centre éducatif du mouvement syndical gandhien, se situe en bordure du lieu de pélerinage qu'est Puri et à quelques minutes de marche de la plage pittoresque du golfe de Bengale. Le temps était agréable, même si très estival pour les européens, et a beaucoup contribué à l'atmosphère détendue de la conférence, tout comme la possibilité d'une baignade raffraichissante, le personel très amical de la fondation et l'équipe de 20 bénévoles de Swadhina, l'organisation accueillant la conférence. L'équipe indienne d'interprète a fait un travail fantastique sans lequel nous n'aurions pu communiquer ensemble. Les organisateurs de Swadhina ont prouvé avec leur équipemement de traduction simultané fait maison que beaucoup d'argent peut être économisé avec un peu de créativité.

Le programme de la conférence s'étendait des expériences personnelles -acquisition de pouvoir ou sentiment d'être désemparé- en passant par le travail en groupe et organisations pour arriver aux mouvements socials et la coopération internationale (Un tutorat maintenant en dépendance ?). Donner une vue complète de la conférence n'est pas possible dans le cadre de cet article, aussi allons-nous nous restreindre à quelques aspects intéressants.[2]

Définitions

La question : " que signifie appropriation du pouvoir social et de quel pouvoir voulons nous ? " fut approchée avec trois points de vue. José Araya du Chili, Pushpa Bhave d'Inde et Ellen Elster de Norvège ont abordé le sujet d'après leur expérience.

Ellen Ester, membre du conseil d'administration de l'IRG, a présenté les succès du mouvement des femmes dans les années 70, lesquels sont visibles, particulièrement dans les pays scandinaves. Néanmoins, quels changements sociaux apporte cette " participation au pouvoir " ? Elle a aussi apporté une pensée critique sérieuse à la tendance croissante de la professionnalisation des ONG, qui va de concert avec une réorientation vers le lobbying et le dialogue avec les puissances dirigeantes. Celapeut conduire à influencer plus le gouvernement mais est-ce que cela conduit à plus de pouvoir pour la population à la base [3] ?

Quel pouvoir voulons-nous ?

Lors des deux premières journées, différents ateliers ont cherché à déterminé les aspect du pouvoir auquel nous aspirions et ceux auquel nous nous opposons. Keith Goddard de Gays et Lesbiennes du Zimbabwe a rendu compte des attaques du gouvernement de Mugabe à l'encontre des gays et lesbiennes au Zimbabwe qui se justifient principalement sur le droit de la majorité à l'encontre de la minorité. Cela nous a conduit à discuter des notions de pouvoir, de majorité, de minorité et d'identité et la relation existant entre ces concepts [4].

Dans le compte-rendu de son travail, Amalia Paillalaf, enseignante dans une communauté Mapuche-Tehuelche en Patagonie (Argentine), a mis en évidence la nécessité de protéger l'identité indigène. Elle a montré l'importance d'aussi enseigner le savoir traditionnel de leur peuple à l'école et de le conserer par l'écrit. Elle a du s'en enquérir auprès des anciens qui n'ont pas tout de suite accepté : Ils pensaient que ce savoir est aujourd'hui inutile. Par ailleurs, l'enseignement dans l'école d'Amalia a du s'adapter aux conditions de vie des Mapuche de la région, lesquels sont très dispersés. Ainsi, des enfants vont à l'école deux semaines puis restent à la maison pendant une semaine tandis que leurs frères et soeurs, précédemment restés à la maison pour aider vont cette semaine là à l'école.

Etude de cas.

Des études de cas sur différents campagnes et mouvements, qui avait été préparé spécialement pour la conférence en furent un élément important. Quatre sujets étaient couverts : alternatives économiques, " décontamination sociale ", protection de l'environnement et démilitarisation [5].

Renforcement des pouvoirs de la population pour la mise en place d'alternatives économiques.

L'équipe ayant préparé le sujet pour la comfrence était composé de Khoboso Nthunya de SEWU (Syndicat des Femmes Travailleuse Indépendante) en Afrique du Sud, Srichandra Venkataramanan de l'organisation indienne SWADINA et Edda Isernaghen du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (Movimiento Sem Terra).

Tandis que SEWU organise les femmes travaillant irrégulièrement en petites entreprises, commerces de rues, SWADINA s'occupe principalement des femmes en milieu rural. Les deux organisations sont voués au refnorcement du pouvoir économique des femmes. SEWU place l'organisation et la formation des travailleuses économiquement indépendante en tant que but à travers le soutien et l'éducation aux notions de conduite de son affaire, de négociation et de lobbying et SWADINA a pour but premier de développer l'indépendance économique des femmes.

De plus, SEWU promeut des formations générales telles la gestion et la résolution des conflits mais aussi des formations plus spécifiques tells la construction de domicile, la menuiserie, l'électricité. Il n'y a pas d'activités traditionnelles pour les femmes mais un espace dans lequel elles peuvent gagner leur vie et mettre en place un eptit business. Les femmes doivent autofinancer une petite partie de leurs formation via SEWU qui contribue au cout à hauteur de 80 % [6].

Pour SWADINA, beaucoup des problèmes des femmes étant liés à des raisons économiques, le renforcement du pouvoir des femmes en est le principal objet. Le travail se fait en trois étapes : les femmes doivent prendre confiance qu'elles sont capable d'être économiquement indépendantes, leur confiance en elle doit être renforcée et elles doivent comprendre qu'elles peuvent être comme les hommes pour ce qui est de manifester contre les discriminations, telles les différences de salaire par exemple. Enfin, elles doivent apprendre à gérer l'argent. Initialement, la société ne souhaitait pas de femmes " puissantes ". Les femmes se sont organisées elles même en association. Une épargne locale de village a été mise en place par les femmes à laquelle elles peuvent emprunter [7].

Le Mouvement des Sans Terre diffèrent sur de nombreux points de SEWU et SWADINA. Le mouvment ne se réfère pas spécifiquement au refnorcement du pouvoir des femmes. Le Mouvement des Sans Terre veut remettre en cause le pouvoir mondial existant. Ils sont organisés dans 23 des 26 états brésiliens. Le mouvement s'est mis en place quand des familles du sud ont refusées d'être déplacées. Elle statuèrent : "Nous avons notre terre ici". Ils revendiquait le droit à la terre et à la semence, à la nourriture, à l'eau potable et à la dignité : le droit d'être des Brésiliens. Ils ont besoin du soutien populaire dans leur travail. De ce fait, ils organisent des marches s'étalant souvent sur des semaines et des milliers de kilomètres pendant lesquels ils visitent la population sur leur chemin afin d'expliquer leur problématique et de convaincre pour obtenir le soutien de cette population. Ils sont dépendant de ce soutien de millions afin de ne pas être tués. Un groupe d'enfant sans terre ont voulu pouvoi aller à l'école. Ils se sont mis ensemble avec des enseignants et ont créé les écoles de la migration de telle manière qu'autant d'enfant que possible puisse aller en classe.

Le renforcement du pouvoir pour la démilitarisation.

Dans ce domaine, deux exemples furent mis en exergue: la lutte de la population de Vieques au Puerto Rico contre la présence apparente et supérieur de l'armée US qui utilise une immense partie de l'île pour des exercices militaires [8]; le mouvement de l'objection de conscience en Espagne qui a contribué d'une manière déterminante à l'abolition de la conscription à travers leur campagne d'insoumission (objection totale) [9].

Développement de contre-pouvoir.

Joanne Sheehan des USA, membre du CA de l'IRG, a montré dans sa contribution que Seattle 1999 est plus qu'un évènement médiatique tel qu'il fut perçu. Le blocus non-violent de la réunion de l'OMC fut seulement possible grace à une préparation sur le long terme et un travail de mise en place de coalitions. Joanne Sheehan pose la question critique : " Est-ce que la simple répétition de Seattle à Washington en avril 2000, à Prague, Davos et bientôt à Gênes, etc est une stratégie gagnante contre l'OMC et la mondialisation économique ou n'est-ce pas une impasse ? ". Seattle fut un succès en mettant l'OMC dans la lumière du grand public. Maintenant, quelle stratégie contruire afin de pour le moins restreindre le pouvoir de l'OMC ?

Keith Goddard a expliqué les stratégie des Gays And Lesbians of Zimbabwe basé sur les analyses du champ de signification des premières remarques anti-homosexuelles de Mugabe. Il a montré comment GALZ a augmenté ses propres forces et a tenté d'affaiblir les forces travaillant contre GALZ. Il a mis en évidence que Mugabe, contrairement aux premières analyses, a finalement renforcé le mouvement.

Conclusions

Plus que d'apporter de nouvelles solutions, cette conférence a mis en évidence de nouvelles questions, et a reposé d'anciennes questions dans de nouvelles circonstances. La mondialisation ou ses effets furent l'objet de discussions dans de nombreuses assemblées pléniaires et groupes de travail. Quelles sont les effets de la mondialisation sur les mouvements sociaux ? Quelles possibilités existent pour contrer la globalisation des multinationales par une " globalisation par en bas ", une résistance globalement connectées, qui tire son pouvoir de sa diversité ?

Qu'en est-il de la question du changement social profond, qui ne s'attache pas seulement à réformer le capitalisme mais qui se veut révolutionnaire ? N'osons nous (par nous, nous entendons l'IRG) plus parler de révolutions ? Ou alors, pourquoi ce mot n'apparait-il même plus dans les principes statutaires de 1997 sans parler d'effectivement fairela révolution ? Qu'en est-il du renforcement de notre propre pouvoir ?

Julia Kraft and Andreas Speck

Contact: War Resisters' International, 5 Caledonian Road, London N1 9DX, Britain,

Phone: +44-20-7278 4040, Fax: +44-20-7278 0444, Email: nvse@wri-irg.org; http://wri-irg.org/fr/

Notes:

[1] Julia Kraft and Andreas Speck: Nonviolence and Social Empowerment, à propos du concept de la conférence initialement prévue du 29.12.00 to 04.01.01.

[2] L'IRG se propose de publier un livre sur la conférence.

[3] Ellen Elster: Peace News No 2439, June-August 2000, p. 39

[4] Keith Goddard: Inside Out. Peace News No 2439, June-August 2000, p. 22-23. Sinon une interview en allemand avec Keith futpubliée in Rosige Zeiten - Magazin aus Oldenburg für Lesben und Schwule, No 73, April-Mai 2001, p. 21-25 (http://oldenburg.gay-web.de/roz/mag4.html).

[5] les études de cas sont dispo sur le web : http://wri-irg.org/archive/nvse2001/nvse/nvsecase-en.htm.

[6] Khoboso Nthunya: Self-Employed Women's Union. In: Case studies submitted to the Nonviolence and Social Empowerment Conference, Puri, Orissa, India.

[7] Saswati Roy: Economic empowerment and tribal women in India. Peace News No 2439, June-August 2000, p. 24-25

[8] Robert L. Rabin Segal: Military Contamination of the Island of Vieques, Puerto Rico, and the People's Response. In: Case studies submitted to the Nonviolence and Social Empowerment Conference, Puri, Orissa, India.

[9] Rafael Ajangiz: Civil disobedience gets rid of conscription (Spain, 1985-2000). In: Case studies submitted to the Nonviolence and Social Empowerment Conference, Puri, Orissa, India.

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